La Nuit des Réseaux - Interview croisée

Lors de son événement phare La Nuit des Réseaux, la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Lozère a réuni ce jeudi 26 juin, entrepreneurs, décideurs publics, experts du numérique et différents acteurs économique autour d’une interview croisée consacrée à « L’intelligence artificielle au service des territoires ruraux ».

Animée par Jean-Claude Gallo, président de JCG FACTORY, cabinet spécialisé en communication d’influence, cette conférence a permis de dresser un état des lieux précis des enjeux et des opportunités offertes par l’IA pour l’économie locale, l’attractivité et la modernisation des territoires ruraux.

« Aujourd’hui, l’enjeu, c’est d’ouvrir le capot de l’IA, d’aller au-delà des idées reçues pour comprendre ce qu’elle peut réellement apporter aux entrepreneurs, aux collectivités et aux habitants », a introduit Jean-Claude Gallo.
Parmi les intervenants, figuraient :

• Cindy Guignard, directrice générale de la CCI Lozère

Cindy Guignard a rappelé que la Lozère disposait de conditions matérielles et humaines favorables au déploiement de solutions d’intelligence artificielle, à condition de bien accompagner les acteurs locaux. Elle a souligné le rôle central de la CCI Lozère dans la transformation numérique des entreprises du territoire :
« La CCI n’est pas une experte de l’IA, mais elle peut vous aider à faire vos premiers pas : vous apprendre à rédiger des prompts, à choisir l’outil adapté à vos besoins. Pour des usages plus avancés, comme toujours, nous jouons notre rôle de boussole, en vous orientant vers les entreprises du numérique qui possèdent les compétences nécessaires. »

• Sébastien Lacaze, président de la French Tech Méditerranée

Sébastien Lacaze a partagé sa vision des enjeux stratégiques de l’IA à l’échelle nationale et régionale, revenant notamment sur sa participation récente au salon VivaTech : « Aujourd’hui, l’intelligence artificielle et la souveraineté numérique sont au centre des préoccupations. Lors de la VivaTech, près de 80 % des contenus tournaient autour de l’IA, notamment ses liens avec les transitions environnementales et économiques. Ce qui a été marquant cette année, c’est qu’en 2024, nous découvrions encore l’IA générative, portée par la vague ChatGPT et les chatbots. En 2025, elle fait désormais pleinement partie de nos sociétés, de nos entreprises et de nos modes de fonctionnement ; ce n’est plus un « buzzword ». Le sujet n’est plus “qu’est-ce que l’IA ?” mais “comment l’utiliser intelligemment ?”. On parle aujourd’hui de créer des IA au-dessus des IA, avec des systèmes multi-agents pour optimiser nos usages, de développer des IA plus spécialisées et frugales, et de réfléchir à la façon dont nous stockons et rendons la donnée plus responsable. La nouvelle tendance est claire : mieux utiliser l’IA, de façon ciblée et pertinente. »

• Frédéric Planche, directeur de la filière NextInnov à la Banque Populaire du Sud et président des Ambassadeurs de la Lozère

Frédéric Planche a illustré concrètement comment l’intelligence artificielle pouvait être financée et déployée dans les territoires. Il a notamment présenté des projets soutenus par la Banque Populaire du Sud, dont un data center vert, insistant sur le caractère incontournable de l’IA pour la compétitivité de l’ensemble des entreprises :

• Igor Schlumberger, entrepreneur et spécialiste de l’open source

Enfin, Igor Schlumberger a mis en avant la pertinence des solutions open source pour développer une IA accessible et performante, au service des chefs d’entreprise et des producteurs locaux. Il a notamment présenté le projet mené avec BM Services visant à optimiser la gestion des fruits et légumes frais en circuits courts :
« L’intelligence artificielle open source, c’est un peu comme un couteau suisse : il faut tout essayer avec. On découvre alors la richesse des perspectives qu’elle apporte, comme si l’on avait un interlocuteur ou un collègue toujours disponible. Et comme ces solutions sont basées sur des données confidentielles en open source, elles offrent une grande sécurité tout en restant très intéressantes pour l’innovation locale. »

Les débats ont porté sur :

• La capacité de l’IA à démocratiser des compétences dans les territoires ruraux
• Les craintes et freins identifiés par les entreprises et collectivités
• Les conditions pour un déploiement réussi et éthique de l’IA
• L’impact sur l’emploi et les métiers, entre destructions annoncées et créations futures
• Les enjeux de mutualisation et de coopération entre acteurs publics, privés et startups

Au terme des échanges, un consensus est apparu sur la nécessité d’agir collectivement pour faire de l’intelligence artificielle un levier de développement économique, d’attractivité et de modernisation des entreprises et des services publics locaux, tout en restant lucides sur ses limites et ses risques.

« L’IA est un outil, pas une fin. Bien pilotée, elle peut faire gagner du temps, améliorer la compétitivité et accompagner la transformation numérique de nos entreprises », a ajouté Jean-Claude Gallo.

Une piste d’action concrète a d’ores et déjà émergé : la création en Lozère d’un groupe de travail local ou d’un laboratoire d’expérimentation IA, afin de fédérer l’ensemble des acteurs économiques, institutionnels et technologiques autour de projets innovants au service du territoire et pourquoi pas déployer la French Tech lozérienne.

Thierry Julier, président de la CCI Lozère et membre du Conseil Economique Social et Environnemental – CESE a conclu la conférence en ouvrant un questionnement sur les dérives sociologiques que pourrait entraîner l’IA auprès des nouvelles générations.

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